Sur la terrasse du Palais, la Nourrice chargée de veiller sur l’Impératrice, reçoit la visite du Messager des Esprits, envoyé par Keikobad, Roi des Esprits et père de L’Impératrice. Si sa fille n’a pas réussi à projeter une ombre d’ici trois jours, son mari l’Empereur sera changé en pierre et elle devra rejoindre son père. L’Impératrice doit acquérir une ombre pour appartenir définitivement au monde des humains. A son réveil, apprenant la menace qui guette son époux bien aimé, incapable de la rendre femme et mère, l’Impératrice supplie la Nourrice de l’accompagner dans le monde des humains où il sera possible de monnayer une ombre. La Nourrice sera le mauvais génie de sa maîtresse qu’elle souhaite voir échouer dans son entreprise pour l’obliger à regagner définitivement le monde des esprits. Quittant le palais qui « s’élève jusqu’aux étoiles », elles plongent toutes deux avec effroi dans le gouffre où vivent ceux qui « s’agitent comme des sauvages ».
Arrivées dans la pauvre maison du teinturier Barak, un spectacle chaotique les attend. La Femme est excédée par les frères de son mari qui se comportent en parasites. Elle est déçue par son existence difficile et par son mari trop lourdaud. Elle est donc une proie idéale pour les manigances de la Nourrice qui lui fait miroiter une existence agréable en lui promettant les faveurs d’un beau jeune homme. La Nourrice conclut un pacte avec la Femme. En échange de son ombre, l’Impératrice et elle-même seront durant trois jours à son service. La Femme s’engage aussi à ne pas avoir d’enfants, en repoussant son mari.
Le pauvre teinturier demeure égal à lui-même face à sa Femme toujours pleine de rancœur qui tente de résister aux propositions de la Nourrice. Quant à l’Empereur, il s’inquiète de ne rien comprendre à ce que trament la Nourrice et sa femme. L’Impératrice est torturée par le remords. Elle ne sait plus si elle doit mettre fin à l’entreprise de la Nourrice qui plongera le couple de Barak dans le malheur. Doit-elle accepter de sacrifier son époux pour préserver ces pauvres gens ? La Femme avoue à Barak qu’elle a vendu son ombre. Pour la première fois, il est hors de lui et pense la tuer. Devant ces terribles conséquences, l’Impératrice refuse de s’emparer de l’ombre achetée au prix du sang. Dans la plus grande confusion, le sol s’ouvre, engloutissant Barak et sa femme, tandis que la Nourrice entraîne l’Impératrice.
Barak et sa femme sont prisonniers dans une caverne. Ils sont séparés. La Femme, déchirée par la voix des enfants à venir qu’elle a condamnés au néant, voudrait rejoindre son époux qui se désole de n’avoir pas su la protéger. L’Impératrice s’apprête à affronter son père malgré les imprécations de la Nourrice dont les sortilèges sont vaincus. Elle sera condamnée à errer parmi les humains qu’elle exècre. Dans le temple souterrain où elle a pénétré, l’Impératrice découvre son époux changé en pierre. Un seul mot lui suffirait pour le sauver et s’emparer de l’ombre de la Femme qui serait alors condamnée au malheur avec son mari Barak. L’Impératrice, émue par leurs cris, refuse d’aller jusqu’au bout du pacte, prouvant son humanité par sa grande compassion. L’Empereur reprend vie. Barak et sa femme se retrouvent. Les voix des deux couples et des enfants à venir s’unissent dans un hymne à l’amour et à la vie.