Stefan Zweig

Il est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

Zweig est élevé à Vienne, dans le quartier du Ring à l’atmosphère bourgeoise et conformiste si caractéristique du règne de l’empereur François-Joseph. Inscrit en 1891 au Maximilian Gymnasium (actuel Gymnasium Wasagasse (en)), il subit l’enseignement scolaire, extrêmement rigide et autoritaire, comme un bagne. Il réussit malgré tout à obtenir son baccalauréat en 1900, avec une distinction en allemand, en physique et en histoire. À l’université de Vienne, il s’inscrit en philosophie et en histoire de la littérature, étudie la romanistique et la germanistique. À Vienne, il est associé au mouvement d’avant-garde Jeune Vienne.

D’abord jugé inapte au front, Zweig est néanmoins enrôlé dans les services de propagande. Il y apprend les nouvelles du front, les morts par milliers, les villages anéantis. Quelques rares voix s’élèvent pour appeler à la raison et au dépôt des armes.

L’armistice sera enfin signé en 1918. En mars 1919, Zweig, en compagnie de Friderike et de ses filles, peut enfin revenir en Autriche et s’installe à Salzbourg, déterminé à « travailler davantage » et à laisser derrière lui les regrets inutiles.

Zweig parcourt l’Europe, donne de multiples conférences, rencontre des écrivains, des artistes et tous ses vieux amis dont la guerre l’avait séparé. Fidèle à ses idéaux pacifistes, il invite les pays à panser leurs plaies et à fraterniser entre eux plutôt que de nourrir les antagonismes et les conflits. Il prêche pour une Europe unie, conviction qu’il défendra jusqu’à la fin de sa vie.

L’arrivée au pouvoir d’Hitler vient bouleverser la vie de Zweig, qui a très tôt une conscience claire du terrible danger que représente le dictateur pour les Juifs, pour l’Autriche et pour toute l’Europe. Cette année charnière voit l’exil forcé d’un grand nombre des amis allemands de Zweig. Lui-même juif, il suit avec effarement les troubles qui agitent le pays voisin. Il hésite à prendre position, voulant comme toujours se situer en dehors des choix politiques qui conduisent trop souvent à l’affrontement. Il est soutenu par le compositeur Richard Strauss qui lui commande un livret et qui refuse de retirer le nom de Zweig de l’affiche pour la première, à Dresde, de son opéra Die schweigsame Frau. Mais Zweig se sent mal à l'aise avec Strauss qui ne prend pas ouvertement position contre le régime. L’opéra ne sera d’ailleurs présenté que trois fois, jugé comme une « œuvre juive »

Réfugié à Londres, Zweig entreprend une biographie de Marie Stuart. Il entame également une liaison avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann), sa secrétaire, tandis que Friderike refuse de le rejoindre à Londres, jugeant non fondées les appréhensions de son époux. Elle et bien des amis, aveugles aux nuages toujours plus sombres qui envahissent l’Europe, lui reprochent d’agir en prophète de malheur.

Durant l’été 1936, au moment où éclate la guerre d’Espagne, Zweig accepte l’invitation de se rendre au Brésil, laissant derrière lui une Europe divisée et troublée. Précédé par sa célébrité, Zweig est accueilli avec tous les honneurs. Lui-même est subjugué par la beauté de Rio de Janeiro.

Installé à Rio de Janeiro, Zweig parcourt le pays. Il se rend également en Argentine et en Uruguay pour une série de conférences. Il revient ensuite à New York, en mars 1941, pour la dernière fois. Il y revoit Friderike qui a réussi à émigrer aux États-Unis. Zweig demeure quelques mois là-bas et fréquente ses vieux amis, expatriés comme lui. Le 15 mai, il prononcera sa dernière conférence. Désespéré et honteux du tort que cause l’Allemagne, il réitère néanmoins sa confiance en l’homme, mais on le sent déjà désabusé.

Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de Lotte et moralement détruit par cette guerre, il décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde9. Il rend, à Barbacena, visite à l’écrivain Georges Bernanos qui tente, en vain, de lui faire reprendre espoir10. Le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et laissé ses affaires en ordre (il laisse un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis11), Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal (barbiturique), en compagnie de Lotte qui refuse de survivre à son compagnon.