Felice Romani
Felice Romani est un librettiste, poète, érudit en littérature et mythologie et critique musical italien.
Premier de douze frères, Felice Romani naît à Gênes dans une famille aisée qui en raison de difficultés économiques s'installe à Moneglia. Il commence des études de droit à Pise mais abandonne rapidement cette voie pour s'inscrire en lettres à l'université de Gênes où il a comme maître l'helléniste don Giuseppe Solari. Après l'obtention de son diplôme, il enseigne comme chargé de cours suppléant dans cette même université mais refuse sa nomination à la chaire de Solari par solidarité avec son maître qui en avait été déchargé.
Il traduit de la littérature française et, avec l'un de ses collègues, prépare un dictionnaire en six volumes de mythologie et d'histoire antique de l'Italie incluant la période celtique. Le savoir-faire de Romani en français et en antiquité se reflètera dans ses livrets : la majorité sont fondés sur la littérature française et beaucoup, tel que Norma emploient des sources mythologiques.
Romani voyage beaucoup en Espagne, en Grèce, en Allemagne et en France. Malgré son intérêt pour la littérature française, il refuse de travailler à Paris. Après avoir décliné également l'emploi de poète de cour à Vienne, il débute à Gênes comme librettiste avec La rosa bianca e la rosa rossa pour la musique de Simon Mayr. À la suite du grand succès obtenu avec Medea a Corinto, toujours pour Mayer, il est engagé par l'impresario de la Scala de Milan, Benedetto Ricci, pour la production de six nouveaux livrets par an.
En 1814 il s'installe à Milan où il devient l'ami des figures importantes du monde littéraire et musical tout en restant lié au milieu culturel génois et en continuant à écrire dans la "Gazzette di Genova", où il avait débuté comme poète en 1810.
En règle générale, Romani ne crée pas ses propres histoires : il adapte les pièces les plus populaires produites sur la scène des théâtres parisiens ce qui parfois se révèle ne pas être une excellente stratégie étant donné le caractère flou de la législation de l'époque sur les droits de propriété intellectuelle : lorsque l'opéra de Donizetti Lucrezia Borgia fondé sur la pièce de Victor Hugo est mise en scène à Paris, il doit réécrire le livret en transformant les personnages italiens en turcs et en changeant le titre pour La Rinegata parce que Hugo avait obtenu l'interdiction de toute autre production.
De formation classique, Romani se montre méfiant envers les nouveaux ferments du romantisme mais, pour la création de ses livrets, il sait malgré tout puiser dans la production d'auteurs modernes et romantiques comme Lord Byron, Victor Hugo et Walter Scott, contribuant à défendre un goût qui s'affirmera avec les librettistes de la génération suivante comme Salvatore Cammarano, Francesco Maria Piave et Antonio Somma.
Il écrit quatre-vingt-dix livrets, aux vers fluides et élégants, on ne peut mieux adaptés à la musique, dont la plupart sont mis en musique par les plus grands compositeurs d'opéras travaillant en Italie entre la deuxième et la cinquième décennie du xixe siècle, parmi lesquels Vincenzo Bellini (La Straniera, Zaira, I Capuleti e i Montecchi, La Sonnambula, Norma, Beatrice di Tenda), Gaetano Donizetti (Anna Bolena, Parisina, Lucrecia Borgia et L'elisir d'amore), Saverio Mercadante (La testa di bronzo, I due Figaro) Giacomo Meyerbeer (Margherita d’Anjou), Giovanni Pacini, Gioachino Rossini (Il Turco in Italia, Aureliano in Palmira, Bianca e Falliero) et, à une seule occasion, Giuseppe Verdi lui-même pour sa première comédie Un giorno di regno, originellement écrit pour le compositeur Adalbert Gyrowetz.
En 1834, Romani est rédacteur à la Gazzetta Ufficiale Piemontese où il contribuera à la critique littéraire, avec une interruption entre 1849 et 1854, jusqu'à sa mort en 1865 à Moneglia, dans la région Ligure.
Un volume de ses poésies lyriques a été édité en 1841.