Erich Korngold
Erich Wolfgang Korngold est un compositeur autrichien, naturalisé américain en 1943.
Erich Korngold est le second fils du critique musical Julius Korngold, docteur en droit. La famille quitte Brno pour s'installer à Vienne en 1901.
Erich Wolfgang, enfant prodige, est pourvu de dons stupéfiants : à cinq ans, il joue à quatre mains avec son père, reçoit les premières notions d'harmonie ; à sept, il compose des valses et de petites mélodies (1905–07). Gustave Mahler le recommande à Alexander von Zemlinsky, qui devient son professeur (1909–1911).
À l'âge de 12 ans, il compose un trio avec piano et un ballet en deux actes Der Schneemann qui est orchestré par son professeur Zemlinsky, et créé à l'Opéra de Vienne, pour la fête de l'Empereur François-Joseph, le 4 octobre 1910, sous la direction de Franz Schalk. Sa Sinfonietta est jouée par Felix Weingartner et l'Orchestre philharmonique de Vienne en 1913 et ensuite par tous les grands chefs de l'époques : Nikisch, Busch, Mengelberg, Furtwängler, Muck, Knappertsbusch, Walter, Henry Wood et Richard Strauss.
Lors de sa brève incorporation dans l'armée pendant la Grande Guerre en raison de sa santé fragile, il est versé dans la musique, un régiment à Vienne. À cette occasion il écrit plusieurs marches militaires dont une seule, publiée au début des années 1930 et arrangée pour orchestre, nous est parvenue.
À seize ans, il compose deux opéras en un acte, l'un comique et l'autre tragique : Der Ring des Polykrates et Violanta (1914). Les représentations remportent un grand succès et les œuvres sont souvent redonnées – souvent à la suite, par exemple par Furtwängler durant la saison 1916‑1917 à Lille.
Le triomphe remporté en 1920 à Hambourg où il était devenu chef d'orchestre, par son opéra Die tote Stadt, adapté du roman symbolique Bruges-la-Morte de Rodenbach et repris dans plus de quatre-vingt théâtres lyriques du monde entier par les plus grands chefs.
En 1924, Korngold et Luzi von Sonnenthal (1900–1962) se fiancent, malgré l'opposition farouche de ses parents, et se marient. Le couple a deux enfants : Ernst et Georg.
En 1925, Korngold est le compositeur viennois le plus joué après Richard Strauss dans les pays germanophones.
C'est l'époque de la composition de l'opéra Das Wunder der Heliane qu'il dédie à son épouse, Luzi. Il la considère comme son œuvre la plus importante.
Alors qu'en 1929, il aborde une collaboration fructueuse avec le célèbre metteur en scène Max Reinhardt avec l'adaptation de Die Fledermaus à Berlin (1929) jouée à guichets fermés plusieurs semaines, ou La Belle Hélène ; en 1934, sollicité par Max Reinhardt qui avait fui aux États-Unis dès 1933, il se rend à Hollywood afin d'y adapter et d'y diriger la musique de Mendelssohn au film de Reinhardt A Midsummer Night's Dream. Les années suivantes, il revient de façon intermittente en Europe où il enseigne à l'Académie de musique de Vienne (1930-34).
En 1936, il emmène aux États-Unis sa femme, ses fils et s'installe à Hollywood. Juste avant l'Anschluss, il accueille en plus son père, Joséphine sa mère et son frère Robert. Pendant cette période américaine, il côtoie volontiers les autres exilés, tels Schoenberg malgré les différences esthétiques évidentes.
Korngold commence une deuxième carrière en composant de la musique de film pour la firme Warner Bros, dont les plus connus sont, The Adventures of Robin Hood, Capitaine Blood, L'Aigle des mers. Les conditions du contrat avec la société de production lui laissent choisir trois films tous les deux ans et les droits sur les partitions. En douze années, il composera dix-huit musiques de film. Il sera honoré personnellement un Oscar comme compositeur pour The Adventures of Robin Hood.
Parallèlement, il dirige des opérettes à New York en 1942 et 1944 et finalement, après plusieurs demandes effectuées depuis 1936, il adopte la nationalité américaine en 1943. Après 1945, il partage son temps entre l'Europe et les États-Unis.
En 1947, à cinquante ans, Korngold décide d'abandonner le cinéma et prépare son retour à Vienne avec plusieurs partitions concertantes ainsi que des œuvres symphoniques « sérieuses ». Mais le 9 septembre il est victime d'une crise cardiaque qui l'oblige à une longue hospitalisation et à du repos. Pour occuper son temps, il s'astreint à composer mentalement, ce qui deviendra la Sérénade symphonique pour cordes, opus 39. C'est une œuvre sérieuse et non légère, à destination de son retour en Europe.
Ce n'est qu'en 1949 qu'il franchit l'Atlantique avec ses partitions et de nouvelles idées en tête, dont la Symphonie en fa dièse, composée en Autriche.
Ses tentatives restent malgré tout de lamentables échecs : ses années d'exil, le changement de la société, les goûts du public, l'avaient totalement rayé du monde musical viennois ou allemand. L’establishment le considère comme un compositeur de film, sans apprécier plus loin. En 1955, il revient à Hollywood, à Toluca Lake, où il meurt deux ans plus tard des suites d'une embolie cérébrale, âgé seulement de soixante ans.