Arrigo Boito

Arrigo Boito est un compositeur, romancier et poète italien, connu surtout pour ses livrets d'opéra et pour son drame lyrique, Mefistofele.
Arrigo Boito est issu d'une famille intellectuelle de Padoue passionnée d'art et de culture. Son père est miniaturiste. Sa mère, née comtesse Josefa Radolinska, est d'origine polonaise. Il évolue dans le cercle de la scapigliatura milanaise, mouvement littéraire et artistique très éclectique, né en Lombardie à la fin du xixe siècle, qui rejette tout dogme esthétique. Il étudie le violon, le piano et la composition au Conservatoire de Milan entre 1855 et 1860. En 1860, alors que l'Italie vit les heures cruciales de son unification, il compose avec son ami Franco Faccio une cantate patriotique Il quattro Giugno ainsi qu'un drame musical Le Sorelle d'Italia et s'engage sous la bannière de Garibaldi. En récompense, les deux jeunes auteurs compositeurs obtiennent du roi Victor-Emmanuel II une bourse pour voyager durant deux ans à l'étranger. Boito choisit de séjourner à Paris. Il y découvre la nouvelle musique française, notamment Berlioz et Meyerbeer, et est présenté à Rossini. C'est aussi l'époque où Wagner triomphe dans les milieux littéraires parisiens1. À noter que Boito est parfaitement francophone.
De retour à Milan, Boito s'attelle à son premier opéra, Mefistofele(1868), dont il écrit à la fois la musique et le livret qui suit de façon très fidèle le texte du Faust de Goethe. Créée à la Scala de Milan sous sa direction orchestrale, cette œuvre rompt avec la tradition italienne du bel canto. Familier des œuvres de Shakespeare – qu'il traduit en italien – et du théâtre élizabéthain, il se passionne aussi pour les philosophes allemands, particulièrement Nietzsche et Schopenhauer. Pour Boito, qui se voit autant comme écrivain que comme musicien, la musique doit épouser fidèlement le livret et non les demandes des interprètes : l'œuvre littéraire doit être au centre du théâtre lyrique. La première est un échec et l'opéra aussitôt retiré de l'affiche. Boito remanie l'œuvre qu'on rejoue à Bologne en 1875, cette fois avec succès, puis à Hambourg, à Londres (en italien) et à Boston (en anglais) en 1880, à Bruxelles (en français) en 1883 et enfin à Paris en 1919.
Ses amis compositeurs lui commandent des livrets. Il a écrit, sous l'anagramme de Tobia Gorrio, La Gioconda pour Ponchielli d'après Victor Hugo, Amleto (Hamlet) pour Franco Faccio. Il publie aussi des recueils de poèmes : Il Re Orso (1864), Il libro dei versi (Turin, 1877), écrit des nouvelles, Le Fou noir et Le Poing fermé notamment, et traduit les livrets d'opéras de Wagner (Rienzi, Tristan und Isolde). En 1875, l'éditeur milanais Ricordi le met en rapport avec Giuseppe Verdi, pour qui il va remanier le livret de Simon Boccanegra (1881), puis composer les livrets de ses deux derniers opéras Otello et Falstaff d'après Shakespeare.
Nommé inspecteur général des conservatoires de musique italiens, il est fait sénateur par le roi d'Italie et docteur honoris causa des Universités anglaises de Cambridge et Oxford. Partout régulièrement à l'affiche le Mefistofele fait désormais partie du répertoire lyrique de nombreuses maisons d'opéra.
Un second opéra, Nerone, auquel il travaille depuis 1870, demeure inachevé à sa mort en 1918. L'orchestration en est complétée par Vincenzo Tommasini sous la supervision de Toscanini, qui le crée à la Scala le 1er mai 1924.